SEMIRA ADAMU EST MORTE...RASSEMBLEMENT A BRUXELLES JEUDI A 18 H00 Date sent: Thu, 24 Sep 1998 14:45:39 +0200 Abbiamo ricevuto dalla rete e pubblichiamo un comunicato del Comitato belga contro le espulsioni violente di immigrati

Subject: SEMIRA ADAMU EST MORTE...RASSEMBLEMENT A BRUXELLES JEUDI A 18H00 A relayer le plus massivement SVP

Comme bon nombre d'entre vous l'ont appris, Semira Adamu est morte mardi soir, assasinee par des gendarmes. C'est maintenant certain: la cause de sa mort est le coussin qu'on lui a mis sur la bouche pour l'empecher de respirer et donc de resister, ce qui a cause sa mort. En outre, le cynisme des autorites par rapport a ce qu'il faut bien qualifier de meutre est effarante

Alors que le parquet souligne le caractere normal de la procedure, le Ministre de l'Intereur, Louis Tobback, parle, lui, d'evenements regrettables neanmoins ce n'est qu'un incident parmi les 5.000 expulsions qui ont eu lieu depuis le debut de l'annee.

Pourtant, nous ne sommes pas face a un cas isole, le meurtre de Semira n'est que la suite logique d'une politique d'expulsion qui ne peut etre appliquee que de maniere inhumaine, decouvrant ainsi son caractere barbare. En dehors des responsabilites qu'il est necessaire d'etablir (cf details dans le communique de presse qui suit), la mort de Semira demontre la politique inhumaine envers les refugies.

En dehors de notre indignation et de notre tristesse pour Semira, nous esperons qu'elle ne sera pas morte pour rien. C'est pourquoi nous esperons que la reaction des gens sera forte, ce qui nous permettra d'en finir avec cette politique inhumaine. Actuellement, de nombreuses initiatives se lancent:

-Les candidats refugies de Steenokkerzeel , lorsqu'ils ont appris la nouvelle ce matin, se sont directement mis en greve de la faim. Toute communication avec l'exterieur est interdite actuellement. De meme, il leur est interdit de suivre les radios et les televisions. Il semble evident que l'Office des Etrangers fasse tout pour "mater" leurs protestations. Il est fondamental que des gens aillent les voir a l'interieur (principalement des avocats et des parlementaires qui ont un droit d'acces quasi absolu) mais aussi a l'exterieur (lors des promenades) pour leur apporter leur soutien et parmettre de les tenir informer de ce qui se passe a l'exterieur.

- Une manifestation a eu lieu mardi soir, devant la clinique Saint Luc qui s'est dirige par la suite vers le centre 127bis de Steenokkerzeel ensuite devant la maison de Tobback.

- Une manifestation a eu lieu ce mercredi devant et a l'interieur du Senat pendant la conference de presse du Ministre de l'Interieur.

- En outre, une manifestation a lieu jeudi 24 septembre a 18h00 devant l'Office des Etrangers (152, Bd Emile Jacqumain, Metro Yser ou Rogier) a Bruxelles. Venez nombreux !!!

- Un Rassemblement a lieu jeudi a 17 h 30 devant le Consulat de Belgique 24, rue Childebert, 69002 Lyon

- Un rassemblement aura lieu a Paris devant l'ambassade de Belgique dans les jours qui viennent. Nous appelons a ce que le maximun de collectifs (hors de Belgique) organisent des manifestations devant les differentes ambassade de Belgique.

- Des debrayages devrait avoir lieu dans des ecoles, universite, usines, lieu de travail. Nous vous invitons a arreter le travail et a discuter de possibilites d'action de protestation.

A toute fin utile, je vous transmets aussi quelques numeros de telephone, faxs et adresses e-mail au cas ou vous voudriez ecrire a certaines personnes. Ministere de l'Interieur : Louis Tobback tel 32(0)2 227.07.00. fax 32(0)2 219.79.30. ou henri.maes@mibz.fgov.be (au Ministere de l'Interieur) ou info@sp.be (au Parti Socialiste flamand). La Sabena tel:32(0)2/ 7233111 fax: 32(0)2 7705697 communication@sabena.be

L'Office des Etrangers: tel 32(0)2 2055411 fax: 32(0) 2055520.

Merci encore a tous ceux qui ont soutenu Semira durant ces quelques mois. A bientot. Denis Collectif contre les expulsions. E-Mail ccle@altern.org

Copie du communique de presse.

Semira Adamu a cesse de vivre ce mardi soir aux environs de 21h00. Elle etait en coma profond depuis 11h00 suite a unel'hemorragie cerebrale declenchee lorsque les gendarmes tentaient de l'expulser.

En bref, rappelons d'abord le parcours de Semira. Semira Adamu avait 20 ans. Sa belle-mere (ses parents sont morts) voulait la marier de force a un homme de 65 ans, qui pourtant a deja trois femmes.

Refusant cet avenir, elle s'est enfuie vers le Togo. Elle a du le faire a plusieurs reprises car son pretendant, qui a le bras long, a reussi a la ramener.

La peur au ventre (son mari a deja tue une de ses femmes), elle s'est a nouveau enfuie et a reussi a atteindre la Belgique.

Elle y est arrivee le 25 mars 1998. Elle a directement ete transferee et incarceree au centre ferme 127 bis de Steenokkerzeel. Sa demande d'asile a ete tres rapidement deboutee. L'Office des Etrangers considere en effet que la Convention de Geneve ne couvre pas son cas. Les maltraitances a l'egard des femmes ne sont pas (en Belgiqu, contrairement au Canada par exemple) reconnues par l'Office des Etrangers. Comme seule reponse a une femme qui craint pour son integrite physique et morale, la Belgique n'a pu lui offrir que l'enfermement, les barbeles, les coups, les intimidations et finalement la mort...

Des que nous avons eu connaissance de son cas, nous nous sommes mobilises pour tenter de la sortir de cet enfer. Nous avons fait signer une demande de regularisation qui a ete signee par des milliers d'associations et personnes. Nous avons entame ainsi une campagne de mobilisation en sa faveur.

Lise Thiry etait devenue sa marraine, d'autres s'etaient portes garant financier. Face a toute cette campagne, l'Office des Etrangers restait muet. Sa seule reaction etait de perpetuellement continuer a tenter de l'expulser avec de plus en plus de violence.

Nous avions des contacts journaliers avec elle. Petit a petit, elle nous informait des conditions de detention, des exactions des gardiens, de l'Office des Etrangers, de la Sabena. Elle etait devenue en somme le symbole de la resistance a l'horreur que represente les centres fermes.

Cette resistance, l'Office des Etrangers la lui faisait payer au quotidien. Brimades, surveillance perpetuelle, ecoutes telephoniques, privation de coup de telephone, de visites, changement d'aile pour l'isoler encore plus des autres refugies detenus,...

Elle etait veritablement traquee dans ses moindres faits et gestes. Elle expliquait entre autre dans son temoignages du 23 Juillet: "Apres l'evasion, j'ai eu tous les employes sur le dos. On me surveille tout le temps, j'ai toujours quelqu'un derriere moi. Pendant une semaine apres le 21 juillet, on n'a plus eu le droit de telephoner. Maintenant, on peut, mais on a reduit les heures. Avant, on pouvait appeler de 9h a 22h, a present seulement de 15 a 18h et ce sont les heures ou les appels coutent le plus cher... De toute facon, les regles de vie changent tous les jours. Un jour quelque chose est permis, le lendemain, ca ne l'est plus... Ils ne laissent pas les gens de l'exterieur vous rendre visite. Officiellement, les visites sont autorisees, mais quand quelqu'un fait une demande de visite, ils ne l'accordent pas, ou ils ne donnent pas de reponse, tout simplement. Lise Thiry n'a jamais pu me voir. Elle est venue, elle a remis les livres et les vetements qu'elle m'avait apportes aux gardes. Je n'ai pas pu la voir."

Elle nous avait telephone lundi (ainsi qu'a son avocat Maitre Allcock). Elle etait en forme, elle avait juste terriblement peur. Elle avait peur pour deux raisons: tout d'abord, la prolongation de son maintien detention ainsi qu'une note, dont son ordre de maintien etait assortie, demandant d'intervenir "efficacement et rapidement" pour l'expulser, et ce, avec l'aide des gendarmes. Lors de la precedente tentative d'expulsion (debut septembre), les gendarmes l'avaient prevenue que "la prochaine fois, ils seraient tres violents et reussiraient a l'expulser".

Elle nous avait dit :"Les choses ont repris leur cours habituel, excepte le renforcement de la securite, et a l?aeroport ou des gens seraient capables de tuer" Mardi matin, on l'a emmenee a l'aeroport pour l'expulser. On en etait a la sixieme tentative de l'expulser, sixieme qui fut fatale.

Nous n'avons que quelques elements sur le deroulement de l'expulsion. Nous savons qu'elle a ete amenee dans l'avion menottees, qu'elle s'est debattue et a crie et que les gendarmes lui ont mis un coussin sur la bouche. L'expulsion du 21 juillet s'etait passe comme suit: "Toujours dans son temoignage du 21 Juillet:"Ils ont essaye de m'expulser quatre fois. La premiere fois, ils ne m'ont pas forcee. Ils m'ont emmenee a l'aeroport. La ils m'ont demande s

i j'acceptais l'expulsion. J'ai dit non et ils m'ont ramenee au centre. La deuxieme fois, ca s'est passe de la meme maniere, mais ils m'ont prevenue que la fois suivante, ils seraient plus durs. La troisieme fois, ils m'ont preparee pour aller a l'aeroport et puis en derniere minute, nous ne sommes pas partis. Ils m'ont dit qu'ils avaient oublie de reserver ma place sur le vol. Je suppose qu'ils avaient plutot peur des manifestions de soutien qui etaient organisees pour moi... La quatrieme fois, ca a ete terrible. J'ai ete reveillee a 6h30 par une employee qui m'a annonce que je devais retourner dans mon pays et que j'avais 20 minutes pour emballer mes affaires. Je n'ai meme pas eu le temps de prendre une douche et j'ai oublie quelques affaires dans la precipitation. Finalement j'ai ete prete et ils m'ont escortee jusqu'a la porte d'entree et ils m'ont fait monter dans le fourgon pour l'aeroport.

A l'arrivee, ils m'ont attache les bras a deux endroits et aussi les jambes. Puis ils m'ont enfermee dans une cellule d'isolement, j'y suis restee de 7h a 10h30. Ils sont venus me chercher. On est alles a l'avant de l'avion et on y est reste jusqu'a 11h15, quand ils m'ont fait embarquer. Une fois a l'interieur, j'ai commence a crier et a pleurer. Huit hommes se sont rassembles autour de moi, deux gardes de la securite de la Sabena et six policiers. Les deux gardes de la Sabena m'ont forcee : ils poussaient partout sur mon corps et l'un deux compressait un oreiller sur mon visage. Il a presque reussi a m'etouffer. En fait, ces deux gardes devaient m'escorter jusqu'a Lome.

Puis les passagers sont intervenus et ils ont dit qu'ils allaient sortir de l'avion si on ne me liberait pas. Un passager a insiste aussi pour qu'on n'oublie pas de me rendre mes bagages... Il y a eu une bagarre dans l'avion et ils ont du me debarquer" Laviolence avait augmenter au fil des expulsions, la derniere lui fut fatal. Ensuite, elle a fait une hemmoragie cerebrale qui a entraine un arret cardiaque. Une demi-heure plus tard, les services d'urgence arrivaient a refaire battre son coeur.

Elle restait neanmoins dans un coma profond. A 21h00, elle decedait. Sa mort appele bon nombre de questions...

- Avant l'embarcation dans l'avion:

- Que s'est-il passe entre le moment ou elle a ete reveillee au centre 127bis et le moment ou elle a ete transfere a bord de l'avion:

A-t-elle recu des coups, des menaces,...? - A-t-elle (comme cela se pratique parfois) ete oblige d'ingurgiter des medicaments? Ceux-ci etaient-ils contreindiques dans son cas ?

- Au bureau des pilotes: Lorsque Semira nous a explique les menaces qui pesaient sur elle (lundi), nous avons immediatement envoye un fax au pilote du vol pour Lome. Ce fax expliquait les violences qui risquait de se passer sur son vol et lui demandant de ne pas embarquer Semira.

Que s'est-il passe avec ce fax? A-t-il seulement ete transmis au pilote? A-t-il ete intercepte par un superieur? Sinon, pourquoi n'a-t-il pas ete pris en consideration? - - Dans l'avion:

- Que s'est-il reellement passe dans l'avion? - Semira etait en excellente sante et assez "forte moralement" pour resister a son expulsion. Le parquet a confirmer l'usage d'un cousin mais que s'est-il reellement passer dans l'avion?

- Un arret cardiaque et une hemorragie cerebrale ne surviennent pas naturellement a 20 ans sans y avoir une cause provoquee... - Quand a la video filmee par les gendarmes, ne soyons pas dupes. Le cameraman a pu filmer ce qu'il voulait. La subjectivite d'une bande video ne nous semble en aucun cas satisfaisante. - Notons aussi, la contradiction flagrante entre la declaration du porte parole du substitut du procureur du Roi qui dit en substance: la procedure normale dans l'avion est de placer un coussin pour ettouffer (...) On fait ca tout le temps et le president de la Sabena qui se plait a repeter "(...) je peux vous assurer que notre personnel de securite respecte scrupuleusement les regles en matieres de droits de l'homme(...) Toute forme de violence doit etre comdamnee (...) "

- Pourquoi le pilote a-t-il accepte de prendre a son bord une personne menottee alors que les reglements en matieres de securite dans un avion l'interdisent? - - A l'hopital: - Plusieurs faits troublants se sont passes a l'hopital.

- Pourquoi est-ce que les medecins ont absolument voulu qu'une personne la voie et temoigne qu'elle n'avait pas subi de violences? - Un examen visuel du corps ne permet pas formellement de deceler les elements permettant d'expliquer l'arret cardiaque et de l'hemmoragie interne.

- Pourquoi est-ce que les medecins dans leur conference de presse ont-ils tellement insistes sur le cote normal d'un arret cardiaque et d'une hemmoragie interne chez une personne de 20 ans ? - Pourquoi n'ont-ils pas fait etat des traces de menottes sur ses poignets?

- Pourquoi une telle volonte de faire croire a un accident alors que les resultats des examens ne sont pas encore connus ? - Pourquoi une telle apprehension a ce qu'une autopsie ainsi qu'une contre-expertise aient lieu?

A toutes ces questions, nous voulons des reponses.

Et pour ce, il est necessaire que l'affaire ne soit pas etouffee au profit d'une version couvrant les exactions des gendarmes a bord de l'avion envers Semira.

Nous tenons a ce que cette expulsion qui finit par un coma et par la mort ait autre chose qu'un classement sans suite comme consequences.

C'est pourquoi nous tenons a recolter des temoignages des passagers, a entamer une contre-expertise et une autopsie independante, et ce, pour faire la lumiere sur ce qui s'est passe. Nous sommes ici non pas face a un derapage, mais, face a une pratique quotidienne honteuse et qui, dans le cas de Semira, se revele etre une consequence facheuse des menaces proferees a son egard depuis le debut de son arrivee en Belgique.

Ceci appele donc un proces ou il sera permis aux coupables de cet "assasinat" d'etre juges. A tous les niveaux de responsabilite. Les responsabilites sont pour nous a chercher dans le chef des executants (les gendarmes), ceux qui y ont collabores (la Sabena). et surtout les decideurs (le ministre de l'Interieur et Office des Etrangers) de cette politique de terreur. La fin tragique de Semira balaie tous les doutes que certains pouvaient encore emettre sur l'inhumanite d'une politique d'expulsion.

Nous appelons donc a la demission immediate du ministre de l'interieur (Louis Tobback) et du directeur de l'Office des Etrangers (Schewebach).



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